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Vielosophi & Cie

Tentative de réflexions pour vivre en conscience. Pensées, récits et autres écrits inspirés des curiosités de ma vie... Parce qu'on n'a qu'une vie... Enfin, s'il y en a d'autres, on subit un bon formatage entre chaque, alors, dans le doute, autant faire au mieux dans celle-ci...!

peut-on librement consentir ? (ou le syndrome de la grenouille)

J'ai commencé à écrire ce texte il y a quelques semaines, et plus je tirais les fils de l'écriture, plus je réalisais le sac de nœuds qu'il représentait et la difficulté à démêler tout cela... Est-ce que je pouvais me contenter d'une posture disons... philosophique, d'explicitation de concepts et d'interrogations morales, alors que le sujet traité et les thèmes qui s'y entrecroisaient étaient d'une actualité brûlante, politique, touchant à des questions que je me suis maintes fois posées, sur lesquelles j'ai déjà maintes fois réfléchi et pris position... Faudrait-il recommencer tout le processus... ? Est-ce que je peux avoir une pensée philosophique subjective qui aurait comme postulat des ébauches de réponses à des questions qui m'ont déjà traversée et transformée par le passé... ?

En clair... Comment avoir une approche philosophique d'un fait qui me hérisse le poil... ?

Alors que je tentais de construire une prose correcte sur ce sujet qui (ô combien!) me tient à cœur, je me suis laissée emporter par les six épisodes de la série « Anna », sur Arte. Une série réalisée par Niccolo Ammaniti d'après son propre roman post-apocalyptique. Et dont le tournage a commencé six mois avant l'entrée en scène mondiale du Covid-19...

Visionnaire, sombre, baroque, tragique, angoissant, poétique, sans compromis, et tellement... crédible. Tant par la proposition fictionnelle concernant l'état du monde que par les personnages eux-mêmes et leurs interactions... Bon, des passages un peu raides, voire limite insoutenables, où la vie et la mort se côtoient sans cesse de manière abrupte et sans courtoisie. Notre pandémie à nous à côté c'est presque... Mignon.

A ce moment-là aussi on commençait à entendre sur les ondes de propagande d’État que notre bon papa Castex réfléchissait à proroger le pass sanitaire, qui devait courir jusque mi-novembre. Initialement. Enfin, je veux dire, dans cette technique de manipulation des cerveaux qui consiste à mettre les grenouilles dans l'eau froide et à porter à ébullition très progressivement pour qu'elles ne se rendent compte de rien.

Proroger : « renvoyer à une date ultérieure », puis à une autre, puis à une autre... Avec l'idée que ça va s'arrêter un jour... Mais quand ? On ne sait pas, ça continue de distiller l'incertitude et de maintenir l'esprit de contestation tiède, puisque, oh, bah vous savez bien, ce n'est pas pour toujours, c'est pour une situation d'urgence... Oui, sauf que ça dure... Comme l'état d'urgence, tiens, justement.

 

Un tout petit peu plus récemment j'ai également fort apprécié le petit doigt d'honneur de notre « gouvernement » (je mets des guillemets et des pincettes, hein!) qui prévoit de prolonger le « pass sanitaire » après la date « initialement prévue » et que oh, bah quelle coïncidence, le parlement arrêtant de siéger en février ça va nous le proroger jusqu'à l'été prochain... !

Et... Une petite consultation citoyenne... ? Hé ho ! Dites ce serait pas le moment justement de vous racheter une petite conscience démocratique, avant les échéances électorales, plutôt que de nous la mettre encore avec une décision cynique et arbitraire... ??

Hé ho, le parlement ! Allooooo... ?? Vous allez faire quelque chose pour contrer ça cette fois ?

Les petites grenouilles ne veulent pas voir que la température de l'eau est en train de monter, on leur baisse le feu, on leur augmente, on leur dit que l'eau de la piscine c'est mieux quand c'est chaud, qu'elle pourront bientôt sortir de l'eau et retrouver leur petite mare, mais on ne sait pas quand, on surveille les chiffres, et pendant ce temps-là, les petites grenouilles attendent, et nagent dans leur marmite et se disant que c'est pas pire, elles sont quand même dans l'eau... 

Quelques-unes ont quand même dit fuck off et se sont tirées de là toutes seules, elles ont retrouvé leurs petites mares mais... Bon aller, j'arrête de filer la métaphore et je rentre dans le dur.

 

Qui croit encore à ce pass comme outil sanitaire davantage que comme outil de contrôle ? Même le Figaro trouve que ça commence à bien faire, bordel !

En admettant que le pass sanitaire soit vraiment un outil de lutte contre le Covid (bon, tu vois je veux bien faire des efforts intellectuels pour prouver ma bonne foi), qui peut honnêtement prévoir si on en aura encore besoin dans un an ?? Si ce n'est pour se garder un outil de contrôle numérique des corps et des esprits dans la poche, en prévision des temps troubles et peut-être bien révolutionnaires qui s'annoncent... ?

 

Tu as remarqué que depuis le début de cet article ma démarche a été totalement contraire à la déontologie philosophique... On dirait plutôt une réaction épidermique induisant une discussion de comptoir sur un sujet d'actualité. Brûlant.

Cela dit, en passant, il me paraît un peu cliché de stigmatiser les "discussions  de comptoir", espaces où des personnes très différentes échangent sur des sujets qui leurs tiennent à cœur. Avec leurs mots à elles, leur parcours et leur culture... Les salons mondains et les plateaux télé n'ont pas le monopole des interactions verbales. Et du temps où je fréquentais les bistrots j'ai eu un tas de discussions intéressantes, qui me sortaient de ma petite bulle sociale et culturelle. Bref, j'avais prévenu que la pelote allait pas être simple à démêler...

 

Que le vaccin soit efficace ou pas, je n'en sais rien. Et du reste il faudrait aussi définir ce qu'on entend par efficacité, à quels points de vue et comment le vérifier. Est-ce que je suis pour ou contre le vaccin ? Est-ce que je suis vaccinée ? Il me semble que cette question relève du secret médical. Il semblerait également que toute notion de « secret médical » ait disparu des écrans radars depuis un bail, et que n'importe quelle personne capable de scanner un QR code ait accès à nos données personnelles... Est-ce que cela ne mériterait pas quelques petits débats de société ?

Pourquoi est-ce que les politiques covidiennes n'ont quasiment pas misé sur la prévention des facteurs de risques (qui sont pourtant connus) ni sur le renforcement du système immunitaire ?

Je n'en sais rien.

Mais il me semble que cette question n'est pas anodine au regard de notre propre responsabilité, et autonomie concernant la gestion de nos corps.

Quid de notre droit à être acteur (au sens « actif » par opposition à « passif ») dans la conduite de nos vies, que ce soit en tant qu'individus ou en tant que groupe d'individus d'ailleurs... ? Qui peut me citer une seule décision concernant la gestion de la pandémie qui ait été prise de manière démocratique ? C'est-à-dire, en nous considérant aptes, en tant que citoyens majeurs, à nous impliquer dans la vie de la Cité ?

 

Notre bêêêllllle démôcratie à la françaiiiiiiise est reléguée au folklore lorsqu'une épidémie survient ? Alors que c'est justement l'occasion rêvée de gérer tous ensemble et démocratiquement un problème qui nous affecte tous!  Je trouve ça flippant en fait. Toute cette mythologie républicaine débordant de mes livres d'histoire et d'éducation civique de quand j'étais gamine qui vole en éclat, en quelques mois. Sérieusement.

Que je n'ai pas toutes les données scientifiques en ma possession est une chose. Mais j'ai ma capacité à réfléchir, et la faculté de libre-arbitre, concernant ma personne et ma propre vie, qui m'appartiennent. Où se trouve ce sanctuaire inviolable en moi, ce dernier rempart de parfaite liberté si ce n'est dans mes pensées propres et intimes, et aussi dans ma liberté à disposer de moi-même... ? La question est vaste aussi au regard du rétrécissement fallacieux, malhonnête et démagogique du concept de liberté qui avait pourtant été tellement trituré, évasé, expansé, sublimé par des siècles de philosophie, de politique, d'art et de sciences sociales... En quelques mois, bim ! Dans vos gueules La Boétie, Thoreau, Proudhon, Emma Goldman et autres Louise Michel...

On vous a régurgité un petit résumé très facile à assimiler :

Mettre en avant sa liberté de conscience et sa responsabilité individuelle c'est être égoïste.

Bah merde.

 

Sommes-nous passés au cran supérieur dans la fabrique du consentement avec cette histoire de « pass sanitaire » ?

Comment une société entière peut-elle consentir à conditionner la majorité de ses interactions sociales (travail, loisirs, santé, déplacements) à la présentation d'un QR code attestant de je ne sais quel détail sur sa propre santé ? Et comment est-il possible que cette société se voit imposer cette mesure de façon pérenne... ? (oui, je crains le pire.)

Pourtant depuis des décennies voire des siècles, la littérature, la philosophie, la SF, le cinéma, la bande-dessinée, la musique, et certainement j'en oublie, nous ont mis en garde contre cette forme de contrôle total, sécuritaire et sanitaire.

Si le vaccin était sûr et efficace et si nous avions été considérés en tant qu'adultes responsables et citoyens dans les décisions importantes de la gestion sanitaire et sociale de l'épidémie, peut-être bien que la société française aurait encore confiance dans ses dirigeants et se serait fait majoritairement vaccinée, sans ce chantage déguisé qu'est le pass. 

Certes oui je pourrais faire le choix de me plier à ce chantage pour retrouver une vie sociale normale...

Mais qu'est-ce qu'une vie sociale normale après tout ?

 

J'ai décidé de refuser d'arborer un pass sanitaire, sauf en cas de force majeure (qui correspondrait clairement à une question de vie ou de mort). Des tas de portes vont donc rester fermées pour les temps à venir. Mais combien d'autres s'ouvrent ou restent ouvertes ? Si je me tournent vers celles-ci j'entrevois des couleurs et des visages qui me réjouissent. Et la promesse d'une liberté réelle parce que responsable et sans contrôle. J'ai pas dit que c'était fluide, ni facile, ni matériellement abondant... Mais entre la poésie d'une vie imprévisible et un ersatz de liberté conditionné à un QR code, mon choix est fait...

C'est un choix personnel et chacun considérera des paramètres différents à faire peser dans la balance de sa réalité. Chacun met le curseur où il veut sur sa zone de confort, sa zone de sécurité, et sa zone de conscience... L'important je crois c'est de faire l'effort de la réflexion.

Mais cet effort de réflexion ne nous donne-t-il pas très vite l'impression d'être en train de nous noyer dans un verre d'eau et donc de faire un effort inutile, voire... D'avoir un peu l'air con... ?

Ce verre d'eau n'est-il pas en fait la marmite sur le feu de l'incessante cacophonie médiatique et politique - aller, tu as compris de quoi je parle : le fait que nous sommes assaillis arbitrairement et constamment de news, d'avis, de notifications, d'injonctions, de promesses, d'images de toutes sortes, disparates, contradictoires, sans chronologie ni cohérence aucune. Et dans ce fatras, pourtant, il faut garder la tête hors de l'eau : c'est à dire continuer de penser, de délier les fils et d'user de son libre-arbitre...

Avouons, ça demande un effort sur-humain. Mais nécessaire dans le cas de celui qui souhaite rester sain d'esprit et qui considère que la liberté est bien plus qu'un mot ou un concept malmené par des décisions arbitraires et des discours à l'emporte pièce, mais bien plutôt, une raison de vivre.

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