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Vielosophi & Cie

Tentative de réflexions pour vivre en conscience. Pensées, récits et autres écrits inspirés des curiosités de ma vie... Parce qu'on n'a qu'une vie... Enfin, s'il y en a d'autres, on subit un bon formatage entre chaque, alors, dans le doute, autant faire au mieux dans celle-ci...!

squats

La propriété, c'est le vol, écrivait Proudhon, un brin provocateur, certes, alors qu'il allait titiller cette notion de propriété. On peut ne pas être d'accord avec lui, n'empêche, c'est quelqu'un qui n'a jamais cessé de chercher des réponses philosophiques et concrêtes pour améliorer la vie en société humaine. Ce que pensait Proudhon notamment c'est qu'en terme "immobilier", chaque humain devrait posséder un peu, suffisamment pour s'installer, cultiver, vivre, pour lui et sa famille. Pas davantage. Donc pas de spéculation, pas de loyers. En fait, et là peut-être que j'extrapôle, chaque humain ne devrait pas posséder plus d'espace qu'il n'est capable directement de faire vivre, d'occuper. Sa seule présence serait son « titre de propriété », ou d'occupation, et on pourrait en changer ou en échanger à volonté dès lors que cela ne viendrait pas déranger autrui dans son occupation. Là-dessus je rejoindrais Michel Serres dans le Mal Propre.
On peut continuer à parler, comme ça, à se demander ce qui serait le plus légitime ou le mieux pour la société, tout en restant dans la légalité, c'est à dire au fond dans un idéalisme un peu mou. Mais on peut aussi agir en conscience (ouais j'aime bien cette expression). Des lois existent certes pour protéger la « propriété privée ». Mais quand ces lois rendent légales la spéculation immobilière, le « tout pour moi et mes amis, rien pour les autres », alors qu'individuellement, en leur âme et conscience, beaucoup considèrent qu'une société harmonieuse ne peut se construire que sur quelques bases d'équité. Ainsi le squatteur investit un lieu inoccupé et ne dépossède personne d'un « endroit pour vivre ». Les « ouvertures » de squats sont de plus en plus nombreuses. Quand on veut faire un « coup médiatique », comme au DAL, et c'est une façon de faire, on va investir un endroit qui appartient à un gros promoteur ou à l'Etat, on le fait de manière bien visible de façon à ce que tout le monde soit délogé manu militari, et c'est très bien, cela attire l'attention sur les problèmes de logement. Autre manière de faire : se la jouer « discret », suivant un certain protocole, légal, pour le coup. Cela ne marche pas à chaque fois, bien sûr, cela se termine souvent en garde à vue ou en confrontation avec des vigiles. Mais quand cela fonctionne, cela devient très difficile de déloger des squatteurs. Et même lorsqu'il y a une action en justice, cela officialise l'occupation des lieux.
Mais qu'est-ce qui légitime cette « usurpation » ? Quand même, ces marginaux, ces bons à rien, ces glandeurs qui profitent du bien qu'autrui avait acquis par l'argent et donc par sa force de travail ??
Ce qui légitime cette usurpation ? Quelques réflexions de base sur le coût de l'immobilier, les spéculations, les mois dédiés à la paperasse et aux démarches administratives, les garanties demandées pour obtenir un crédit hors de prix (on ne m'enlèvera pas de l'idée que là c'est la banque qui vole aux pauvres pour donner aux riches), quand on voit avec quel cynisme en plus les Etats viennent de renflouer les banques...
Le prix du m²... Au lieu d'occuper un espace défini en fonction de ses activités et de ses besoins, on ne considére que les capacités « financières » de chacun... Beh oui, la vie se monnaye, rien n'est gratuit. Là-dessus je ne suis pas vraiment d'accord. Je suis venue au monde gratuitement, sans rien demander sur le fait d'être là... Alors je n'ai pas à mériter ma subsistance... Manger, dormir, me vêtir, me loger. Ne pourrait-on pas considérer tout simplement que chacun a besoin d'un espace pour s'exprimer, créer, et partager ? Que quelqu'un qui fait de la soudure n'a pas besoin du même espace que celui qui fait du montage vidéo ou de l'accordéon ? Que chacun, en fonction des projets qu'il a, pourrait définir l'espace dont il a besoin ? Et l'investir ? Sans passer par les cases « demande officielle », « crédit », « subvention », « paperasse », « assurance », « mise aux normes », des mois d'attentes à moins d'être pistonné... Cela tue dans l'oeuf tout désir d'expression ou de création, toute velléité quelle qu'elle soit. Après tout, on n'est pas obligé d'être artiste ou créatif pour légitimer son squat.
Un espace qui ne sert à rien meurt. Mais il peut se trouver des gens de bonne volonté pour y vivre et le faire vivre, et cela peut devenir vecteur de lien social, de « vie de quartier », même si c'est « alternatif », c'est à dire en dehors des clous administratifs et économiques, et par conséquent beaucoup moins contrôlable. Beaucoup moins infantilisant, aussi. On peut cracher sur le système, tout en étant fataliste et en attendant du pouvoir, « des élus », qu'ils améliorent notre monde. On peut continuer d'y croire.
Mais on peut aussi prendre quelques risques et ainsi échapper un peu à cette servitude volontaire. Comme le dit Haldane, on ne peut peut-être pas prévoir l'avenir mais on peut l'inventer... Les actions locales, individuelles ou collectives, en lien, en réseau, en bonne intelligence et en conscience, voilà qui change le monde d'une part, mais qui change aussi et surtout, une certaine vision du monde : le monde comme marchandise est un concept, pas une vérité absolue.
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