Cela fait des mois, des années même que j'ai envie d'écrire là-dessus. J'ai vu le film à sa sortie, à Bordeaux, alors que je faisais une formation à l'Art Cru, écriture ludique. Une semaine assez éprouvante psychologiquement parlant, qui a, entre autres, remis en question tout mon rapport à l'écriture. Bref, je suis allée voir ce film avec ma collègue, et surtout amie, avec qui je faisais cette formation, et avec qui je travaillais sur un atelier d'écriture à l'IME. Toutes les deux en sortant du cinéma on n'a pas pu échanger un mot pendant un long moment. Des images superbes, une B.O d'une grande qualité, et puis Chris Mc Andless. Un personnage d'une rare pureté, un ange inadapté en un sens à la civilisation humaine dans laquelle il est né. Incapable de vivre autrement que selon ses convictions et sa vision de ce qui est humainement juste (hum...! bon d'accord j'essaie même pas d'être objective... Mais n'allez pas croire que je voue un culte à Chris Mc Andless!). Depuis j'ai lu le livre écrit par Jon Krakauer, ce qui m'a sortie un peu de la magie et de l'angélisme du film de Sean Penn, mais qui ne m'a pas fait changé d'avis sur Mc Andless.
Pour en revenir au film, il y a dans la BO une chanson d'Eddie Vedder, Long Nights, qui, à mon sens exprime très justement la quête philosophique de ce genre d'expérience. Je n'ai jamais vécue seule en Alaska, mais je suis souvent partie "à l'arrache", et seule, à pied ou en camion. En fait, ces paroles me rappellent bien un sentiment assez particulier de la nuit à la belle étoile, sur une plage, dans une prairie, en forêt... Enfin, un lieu imprévu et exempt d'être humain, du moins pour la nuit.
Les paroles de la chanson sont celles-ci :
Have no fear
For when I'm alone
I'll be better off
Than I was before
I've got this light
I'll be around to grow
Who I was before
I can not recall
Long nights allow
Me to feel I'm falling
I am falling
The lights go out
Let me feel I'm falling
I am falling
Safely to the ground
I'll take this soul
That's inside me now
Like a brand new friend
I'll forever know
I've got this light
And the will to show
I will always be
Better than before
Long nights allow
Me to feel I'm falling
I am falling
The lights go out
Let me feel I'm falling
I am falling
Safely to the ground
Que je traduirais ainsi :
Je n'ai aucune crainte, car la solitude me rend meilleur que je ne l'étais auparavant. Il y a cette lumière autour de laquelle je grandirai.
Je ne me souviens plus de celui que j'étais avant.
De longues nuits à sentir que je tombe, que je tombe... Les lumières s'éteignent... Laissez-moi sentir que je tombe, sain et sauf... jusqu'au sol.
Je considère cette âme qui est en moi maintenant comme une toute nouvelle amie que je connaîtrai à jamais.
Il y a cette lumière, et la volonté de montrer je m'améliorerai toujours.
De longues nuits à sentir que je tombe, que je tombe... Les lumières s'éteignent... Laissez-moi sentir que je tombe, sain et sauf... jusqu'au sol.
Pour écouter la chanson, c'est possible sur deezer (Eddie Vedder, Long nights).
Ce que j'ai trouvé particulièrement intéressant dans la quête de Mc Andless, c'est son détachement du matériel. Posséder le moins de choses possibles, cela a quelque chose de rude et de spartiate, mais cela permet d'aller vers l'essentiel de soi-même. C'est une expérience assez inexplicable, une sorte de passage vers la joie de vivre. J'ai remarqué ces derniers mois, depuis que je n'ai plus en ma possession que ce dont j'ai vraiment besoin (ce qui veut dire aussi une confiance énorme dans l'ici et maintenant), que je ne capitalise plus vraiment des affaires en me disant "ça me servira plus tard", j'ai donc remarqué que les choses dont j'ai besoin se présentent à moi au moment venu. C'est comme si les objets obéissaient eux aussi à des lois cycliques. Il faut quand même, comme je le disais plus haut, avoir confiance, donc garder les yeux ouverts et savoir saisir les objets comme les instants. Par exemple, depuis un an, à chaque fois que j'ai eu besoin d'une paire de chaussures, quelqu'un m'en a proposé une paire, et pas forcément des vieilles qui partaient à la benne. Soit trop grandes, soit double emploi. Assez étonnant comme "coïncidences".
Le rapport avec Into the Wild ? Peut-être l'idée que je vis plus heureuse en possédant le moins possible, que l'essentiel est à l'intérieur de moi, ce qui m'appartient vraiment je veux dire, et que tout ça, cette vie, les échanges humains mais aussi la confrontation à la solitude, c'est un moyen de m'améliorer, c'est à dire de tendre vers ce "moi idéal" tel que je le conçois.