11 Novembre 2008
Alors nous reprenons notre route, un peu au hasard des rues, en parlant entre nous et du coup sans faire très attention à notre itinéraire. Au coin d'une rue, trois policiers, deux hommes et une femme. Sans même nous dire que notre présence dans cette rue n'était pas souhaitée, ils nous interpellent : "Vos papiers ! Sacs à terre !" (là j'avoue ça m'a fait rigoler et j'ai demandé s'il fallait couper le contact aussi... Mais bon ils n'avaient pas le même humour...) Bon, pour rester dans la thématique, nous obtempérons. Ils vérifient nos identités et fouillent nos sacs (enfin, plus exactement, ils en vident le contenu sur le trottoir), ils nous palpent (enfin, les filles avec les filles et les hommes avec les hommes, quand même...) Ils cherchaient je ne sais quoi : des armes, des banderoles... Comme nous n'avions rien de tout cela à part nos couteaux de poche, ils se sont mis à chercher des stupéfiants, vu nos dégaines ça aurait pu coller... Mais non, même pas une micro-boulette de shit... Snif...! C'est leur attitude franchement autoritaire et méprisante qui m'a agacée, ok ils étaient sur les nerfs à cause qu'y avait des gens importants à Vichy... Des gens importants... Reçus à grand frais du contribuable dans une ville bunkerisée. Des hommes et des femmes soit-disant publics, représentant les habitants de l'Europe, qui pendant deux jours s'approprient l'espace public pour en faire une zone interdite... Sous la protection des forces de l'ordre... Les forces de l'ordre... Quel ordre ? C'est quoi, l'ordre ? L'ordre au service de quoi ? J'ai pas de réponse, c'est juste une question... Quelle est la légitimité de cet ordre ? Comment est-il défini ? Pourquoi a-t-il besoin de forces ? Qu'est-ce que ça a comme impact, sur un homme (ou une femme) d'être investi de cette fonction de "force de l'ordre" ? Est-ce que cela lui donne un pouvoir sur les autres ? Et puis, autant d'hommes armés quelque part n'était-ce pas l'aveu même que le choix de Vichy pour ce sommet était une provocation et qu'ils s'attendaient à des réactions...?
Après avoir quitté nos charmants policiers (et leur avoir permis de rajouter une ligne à nos fiches Edvige...) nous remontons vers le centre ville, nous avions quelque peu la dalle et il fallait qu'on trouve un endroit plus sympa avec des gens comme nous, franchement autour du palais des congrès c'était plutôt malfamé finalement. Ben dix minutes après, sur un trottoir où passait du monde, et malgré nos protestations, ça n'a pas loupé : re-fouille, re-vidage de sacs sur le trottoirs. La seule différence c'est qu'en plus des flics il y avait des CRS et qu'on a bien senti qu'un manque d'obéissance nous aurait conduit illico au poste. Ils se sont fait plaisir à mater ceux qu'ils avaient étiquetés "anarchistes"... En nous faisant croire qu'on étaient suspects ou dangereux... Ils étaient une demi-douzaine, et nous, trois... Et qui portait des armes ? Qui représentait un danger pour l'autre ?
Sur ce... La prochaine fois je raconte la manif'.